Lettre 015 : Cher Père Noël

Lettre 015

26 novembre 2020

Cher Père Noël,

Quel bonheur de savoir que mes mots apaisent les maux des gens. Ressens-tu toi aussi tout l’amour que je reçois en retour. C’est la preuve que ta magie opère, pour peu qu’on se donne la peine d’y croire.

On me demande qui est le manchot. Il est vrai que je n’ai abordé son origine que très succinctement lors de ma première lettre. C’est pourtant une anecdote assez cocasse.

Durant le mois de juillet dernier, au plus fort de la canicule, un manchot a frappé à notre porte. Il était en pleine pancovidémie, soit un tour du monde en ne passant que dans des pays touchés par la Covid. Autant te dire que son passeport est blindé de visas. Seulement, la chaleur lui devenant insupportable, il cherchait un logis pour prendre un peu de repos. Nous lui avons donc ouvert la porte de notre réfrigérateur.

Il faut préciser que ce dernier, en pleine crise d’adolescence (oui, oui, je parle du frigo), avait décidé de produire de la glace à outrance. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé tapissé d’une couche de glace de quatre centimètres d’épaisseur. Je ne suis pas certaine qu’il soit nécessaire d’éprouver une quelconque fierté d’avoir été capable de payer une facture d’électricité supérieure au P.I.B. du Népal.

Lorsque le manchot a aperçu toute cette glace, il a immédiatement pris place dans le bac à légumes, enfin le bac à bières. Nous nous sommes mutuellement adoptés, il a donc décidé de s’installer avec nous, ce que nous avons accepté avec joie.

Oh mais quelle belle romance de Noël, en plein été ! Oui, enfin ne t’emballe pas trop vite. Les débuts ont tout de même été laborieux. Parce que monsieur mange quasi exclusivement du poisson et que par chez nous guère de criée ou de poissonnier. Et qu’au supermarché, à l’odeur, on se doute qu’il n’est pas frais ton poisson. Mais heureusement qu’il y a Findus ! J’ai envie de demander, Croustibat, qui peut te battre ? Hum… nous avons fini par trouver son bonheur au rayon surgelé.

Ne me blâme pas Père Noël, je sais bien qu’un régime alimentaire industriel, c’est surtout bon à nourrir les lobbys pharmaceutiques. Nous avons bien tenté une sortie familiale à la pisciculture du coin, juste à côté de chez Blandine. Tu peux y pêcher des truites et le manchot adore ça. Mais nous y sommes désormais persona non grata. Je te raconterai tout ça dans une prochaine lettre.

Voici donc comment le manchot est entré dans nos vies, ou plutôt dans notre frigo. Enfin, à présent il est dans le congélateur, avec ma brosse à cheveux qui lui sert toujours de micro. D’ailleurs, pas plus tard qu’hier, il s’est lancé dans une interprétation de « All by myself » de Céline Dion… heureusement que les commerces soi-disant non essentiels rouvrent samedi, car il n’y a plus d’ampoule dans la cuisine.

C’est aussi une excellente nouvelle pour mon mari, car il a besoin d’une bonne coupe de cheveux. Si tu le voyais, il est passé de l’homme qui valait trois dinars au bonhomme Playmobil. Si la situation avait dû durer une semaine de plus, on aurait frôlé le Prince de Lu. Non, pas le biscuit ! Le type sur l’emballage du biscuit. Cher Père Noël, j’espère que ce week-end nous saurons nous montrer sage et non pas sauvage.

Le manchot se joint à moi pour vous embrasser.

A dans une prochaine lettre.

Crédit photo : Here and now, unfortunately, ends my journey on Pixabay sur Pixabay.

Publié par melaniebonnotauteure

Auteure et chroniqueuse littéraire.

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