Lettre 023 : Cher Lutin belge ou Lu-Tintin

Lettre 23

12 décembre 2020

Cher Lutin belge ou Lu-Tintin,

Je me dois de t’écrire pour te dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. L’année 2020, c’est quand même une blague de très mauvais goût et, de l’avis général, bien trop longue. Tu es pourtant bien placé pour savoir que, n’en déplaise à Rocco, les plus courtes sont les meilleures.

Au début, c’était plutôt sympa d’avoir l’impression d’être le personnage d’un roman d’anticipation. Mais ton bouquin, c’est pire que « L’Histoire sans fin ». Et comme dirait Monsieur Peugeot : « Jamais deux sans trois ! ». Donc la suite prévue pour le 20 janvier manque un peu de suspense.

Je viens de me relire et de me rendre compte que j’ai hérité de l’humour de mon père. Déjà qu’il m’a légué son nez… qui d’après mon mari m’offre une telle prise au vent qu’il faut se méfier les jours de Mistral. Mes parents doivent avoir un gène belge perdu dans le génome pour posséder un tel sens de l’humour. Parce que niveau héritage, je suis gâtée. Attention, festival ! Myope, astigmate, dents qui se disent merde, nez de Cyrano, cholestérol, triglycérides, hallux valgus et Ave César… Si j’avais été un chien, avec un tel pedigree y’a longtemps qu’on m’aurait fait piquer. Le jour où le gouvernement va autoriser l’euthanasie, j’ai peur que mon mari sabre le champagne.

Enfin, qu’il évite de s’emballer Tahiti Bob. (Il a fait couper ses cheveux.) Parce que niveau couille dans le potage familial, il est pas mal dans son genre. Maladie génétique héréditaire rare, rien que ça ! A un moment, le gars s’est juste dit que de gagner au loto c’était surfait. La seule émission pour laquelle il est sélectionné sans passer le casting, c’est le Téléthon. Après, comme il est un quart Belge, ceci explique peut-être cela…

Je sens que je te fends le cœur. Ne te vexe pas voyons, qui aime bien, châtie bien. Depuis douze ans, je ne mange quasiment que des frites faites maison. Ce talent culinaire doit aussi être d’origine génétique, car je ne vois pas d’autre explication aux désastres gastronomiques dont mon mari est capable, alors qu’il prépare de délicieuses frites. Tu veux connaître son dernier exploit en date ? Mettre le feu en faisant griller de la brioche. Sa recette ? Activer le grille-pain sur la position la plus chaude. Glisser la brioche à l’intérieur, mettre la tranche en plus, qui ne rentrait pas, sur le dessus. Quitter la pièce.

Mais revenons-en à ta mauvaise blague. Merci, on a bien rigolé, mais maintenant ça suffit. Parce qu’il faut les voir les gens, le prochain confinement ça va finir en « American Nightmare ».

Cependant, je commence tout de même à me demander s’il n’y aurait pas une histoire de karma là-dessous. Je t’explique. Cette nuit, j’ai rêvé que j’allais au cinéma avec ma meilleure amie. Il y avait du monde et il n’était plus nécessaire de porter un masque. La liberté, le bonheur, la sérénité. J’étais heureuse ! Puis, le drame ! Le film était nul, mais vraiment nul à chier. Je me suis réveillée avec une de ces colères. C’est vraiment la grosse moula ! Ne m’en veux pas d’utiliser cette expression qui a dû te faire recracher ton vin chaud et ton pain d’épices. Mais je dois fidéliser un lectorat plus jeune. Parce qu’après l’effet papillon des fêtes de fin d’année, si je mise sur un public comprenant encore les termes diantre, fichtre et chienlit, je ne risque pas de vendre beaucoup d’exemplaires de mes livres.

Cher Lutin belge, je constate que cette lettre part dans tous les sens, un peu comme ton pays. Ne prends pas cet air de Manneken-Pis atteint de chaude pisse. Tu pourrais au moins reconnaître que dans mon hexagone qui ne tourne pas rond, nous sommes capables de faire aussi mal que vous, mais avec un seul gouvernement, là où il vous en faut cinq, six ou sept (même Google n’arrive pas à se mettre d’accord sur ce point-là) et une monarchie.

Cher Lu-Tintin, si tu passes par chez Miette, Laurence, Fabrice et Abi, fais leur un câlin pour moi.

La baise !

A tantôt !

Crédit photo : pepechuchu sur Pixabay.

Publié par melaniebonnotauteure

Auteure et chroniqueuse littéraire.

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