Lettre 005 : Cher Père Noël

Lettre 005

28 novembre 2021

Cher Père Noël,

Toi qui n’ignores rien, tu sais combien la situation mondiale est compliquée. Une véritable pandémierda ! Tiens, ça fait nom de cocktail. Tu m’imagines dans un bar à tapas barcelonais m’écrier : « Hey muchachos ! Una pandémierda por favor ! » Si Shakespeare se retourne dans sa tombe chaque fois que je baragouine in english, j’attire des Minions sur mon palier dès que je bégaye en espagnol.

Mais comme disait Allan Poe, je m’Edgar. (Si on arrive à la fin de cette lettre, on aura mérité un bon vin chaud.) Bref, les prix grimpent plus vite au plafond qu’une chatte en chaleur sur un toit brulant. Le carburant flambe à tel point que cela risque de mettre le feu aux poudres. Ne parlons pas du coût de la viande qui me donne l’impression d’être prise pour un jambon. Alors quand j’apprends que les auteurs indépendants pleurent des larmes d’encre à cause de la pénurie de pâte à papier, la moutarde à l’ancienne me monte au nez… puis j’éternue. (Because les graines, ça chatouille les sinus.) Lorsque l’on vous disait de ne pas faire des stocks de papier toilette, ce n’était pas pour vous faire chier… Enfin, bientôt nous n’aurons plus les moyens de remplir nos paniers, heureusement certains posséderont des cuvettes bien garnies. Reconnaissons tout de même un sursaut d’intelligence aux glands de ce monde, en cas de découvert ils pourront se draper dans du Lotus.

D’ailleurs concernant ces derniers (les glands, pas les lotus), ça leur ferait peut-être du bien de plonger le nez dans un bouquin de temps en temps, au lieu de s’extasier à longueur de journée sur Instagram devant la nouvelle teinte de la schtroumpfette de Pamela des Marseillais trente-douze. Oui, je suis énervée, bordel de cul à pointe !

Petit Papa Noël, cette histoire d’argent me rappelle une anecdote datant de mon enfance. Il est parfois arrivé que mes parents soient justement à découvert. Rhooo, y’a vraiment pas de honte. Que celui ou celle qui ne l’a jamais été me jette un billet de cinq cents euros ! C’est bien ce que je pensais… Donc, un matin d’hiver où je refusai catégoriquement de foutre ma cagoule, je me suis élancée sur la terrasse verglacée. Je t’ai réalisé un remake de la mort du cygne pas piqué des canetons. Double piqué, triple luxation, à en faire pâlir de jalousie Tonya Harding. Sur ce ma mère a déboulé et, tout en essayant de refaire passer mon fémur gauche par-dessus mon épaule droite et vice Versailles, m’a demandée pour la énième fois d’enfiler ma cagoule. Ce à quoi j’ai rétorqué qu’avec mon père, ils sortaient bien à découvert. Je ne te fais pas un dessin de la scène mais sache que la matriarche n’a jamais lu Filliozat…

Père de Noël, l’argent on a en a besoin, sauf qu’il ne fait pas tout. Certains essayent même encore d’acheter mon amour, or ils n’obtiennent que mon mépris. J’estime que ce n’est pas grave si pour les fêtes je n’ai pas la dernière Playstation 5, si le repas s’avère être une boite de cassoulet. Pour moi, l’esprit de Noël c’est autre chose, c’est la gratitude de posséder la chance d’être en vie pour clôturer l’année qui vient de s’écouler, c’est partager, c’est aimer, c’est rêver. Evidemment que je ne vais pas cracher sur les mets de fête et les cadeaux. Cependant, les meilleurs souvenirs que je vais graver dans ma mémoire seront le fougueux baiser que nous échangerons avec L’homme qui valait trois dinars sous le gui, Tortue s’extasiant face au clignotement des guirlandes du sapin, les fous rires, les discussions passionnées, les sourires et les photos un peu floues… les grands derrière, les petits devant.

Cher Père Noël, je dois te laisser. Le manchot di congelo s’est mis en tête de gagner quelques deniers par lui-même. Il va vendre de tout-petits sapins décorés devant le cimetière, afin que nous puissions garnir la dernière demeure de nos chers disparus. Le pire c’est qu’il tient sûrement un concept novateur…

Des baisers aux saveurs de pain d’épices !

A dans moins d’un mois !

Mél.

Crédit photo : Here and now, unfortunately, ends my journey on Pixabay sur Pixabay.

Publié par melaniebonnotauteure

Auteure et chroniqueuse littéraire.

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