Lettre 007
12 décembre 2021
Cher Père Noël,
Ça commence à sentir bon le sapin pour toi. Enfin… façon de parler. D’ailleurs, à propos du roi des forêts, il trône depuis peu dans mon salon. Je t’avoue que cela tient du miracle quand on sait que j’ai eu l’idée de faire appel au manchot di congelo, à Shiva la chatonne, ainsi qu’à ma nièce Tortue pour le décorer. Si certains tendent le bâton pour se faire battre, j’ai carrément fourni une buche.
Pourtant, tout a commencé pour le mieux. Les trois mousquetaires bavaient (au sens propre) sagement devant les décorations que j’étalais sous leurs yeux innocents. C’est alors que La belle-grand-mère adorée alias Le Diable s’habille en Damart a choisi son moment pour nous faire chie… suer. Je suis partie à la recherche de mon portable, laissant la petite troupe sans surveillance environ une minute, celle de trop évidemment. Pénétrant à nouveau dans le salon, j’ai trouvé Le manchot et Shiva ligotés et bâillonnés avec la guirlande électrique. Tu les aurais vu clignoter ces lumières, le spectacle valait le détour. Dans la panique, j’ai raccroché au nez de mon interlocutrice.
Tu ne comprends pas Petit Papa Noël, l’aïeule par alliance est une fervente défenseuse des animaux. Du moins de ceux qui ne finissent pas dans son assiette. Elle se prend pour la Brigitte Bardot de Normandie. Malgré tout, elle tient plus de la frigide et de la barjot qu’autre chose. Si elle défend le bœuf et l’âne pour s’attirer les bonnes grâces de son voisin Joseph, faudra se lever tôt pour qu’il lui mette le petit Jésus dans la crèche. Hum… Parce que de B.B., même dans le brouillard, de nuit, un œil fermé, elle est loin d’en avoir le profil. En plus, agréable comme elle est, c’est pas étonnant qu’on la laisse dans son coin paumé. D’ailleurs en parlant de bébé… elle est passée où Tortue ?
La panique reprenant le dessus, j’ai voulu piquer un sprint. Sauf que mon pied a atterri dans une flaque de salive poupine, me valant une chute qui restera dans les annales surtout pour mon coccyx. Si la belle Hélène se fend la poire, moi, je me fissure la pêche. Que veux-tu Père Noël, je ne fais jamais rien comme les autres. Donc tel Rambo, ignorant ma souffrance, j’ai rampé à travers les couloirs à la recherche de ma nièce de neuf mois.
Mademoiselle s’était installée dans le bac de douche, se faisant une piscine à balles avec les boules destinées à la décoration du sapin. Le privilège de ces monstres en culottes courtes, c’est qu’avec un sourire on leur pardonne tout.
A cœur vaillant, rien d’impossible. A sacrum fêlé non plus, apparemment. Moyennant une journée complète, nous avons réussi à dresser un magnifique arbre de Noël. Enfin presque puisqu’il restait l’étoile à déposer à la cime du sapin. J’aurais pu aller chercher l’escabeau. Mais, est-ce que Rambo s’encombre d’un escabeau ? Il vaut mieux que ça ! Me la jouant Rafiki dans Le Roi Lion, j’ai porté Tortue à bout de bras afin qu’elle achève notre ouvrage. (Me froissant les biceps au passage.) Après m’en avoir mis un grand coup sur la tête et alors que je voyais trente-six chandelles, elle a daigné mettre l’étoile en place.
Papa Noël, la famille devant arriver afin d’assister à l’illumination, les trois mousquetaires se sont activés afin de remettre le salon en ordre. Shiva aspirant épines et paillettes avec son museau, Tortue bavant plus qu’une limace et Le manchot glissant sur le ventre afin de lustrer le carrelage. On se serait cru dans un remake low-cost de Blanche-Neige.
Cher Père Noël, je dois te laisser, les agents d’EDF viennent d’arriver. Ah oui, parce que j’ai oublié de préciser que lorsque Le manchot a enclenché l’interrupteur, au lieu d’illuminer le sapin, il a déclenché un black-out dans tout le village. J’espère juste que dans le chaos général ma sœur a bien embarqué sa fille, parce que depuis je cherche le chat…
Des câlins tout contre ton cœur !
A dans vraiment pas longtemps.
Mél.
Crédit photo : Jill Wellington sur Pixabay.