Lettre 007
Dimanche 18 décembre 2022
Cher Père Noël,
Ca y est, c’est déjà la dernière ligne droite Avent Noël. J’imagine qu’au Pôle Nord l’effervescence doit être égale à celle dans le verre où trempe le dentier de La belle-grand-mère adorée, alias Le Diable s’habille en Damart.
Ici, c’est la panique, la madre a eu l’audace d’acheter de l’Abondance pour le plateau de fromage. Illico pesto, elle a été dénoncée au vigile du supermarché par Papi Ramirez : « Appelez-moi le directeur ! ». Allez dans le bureau de la direction, ne passez pas par la case accueil, ne touchez pas votre prime fidélité.
Alors que je me caillais les miches sur le parking (J’étais de corvée boulangerie.), ma mère a joué son joker coup de fil à un ami. J’ai donc débarqué en furie, une orange à la main. Je l’ai balancée à la tête du directeur qui a trébuché, entrainant dans sa chute son bras droit (one shot, two kills). Je joue peut-être petit bras (et pas mal d’heures à Call of Duty), mais personne ne s’en prend à la madre.
Profitant du chaos ambiant, j’ai récupéré ma mère, ma paire de miches, et l’Abondance, puis nous avons tracé la route. J’assume mon fessier et sa peau d’orange, donc très peu pour moi le régime autoritaire. On va quand même pas en faire tout un fromage, hein !
Cher Père Noël, en parlant victuailles, cette année le menu est chamboulé. La nouvelle belle-sœur, alias Numéro 1, est intolérante au gluten. Mais pas du genre influenceuse malade imaginaire qui mange des graines de chia. Non, genre on va éviter de se la jouer « Ils étaient dix » (Quoi qu’on en dise, Agatha Christie doit faire la toupie dans sa tombe.). Heureusement que la cousine Lucie (le steak de tofu possédé), tu sais la pote de Greta Thunberg, s’est fait porter au pal… euh, porter pâle, porter pâle, évidemment.
Petit Papa Noël, tu aurais dû voir Le manchot di congelo, fier comme un paon, cocher la to-do list des courses, avant de nous annoncer que nous en étions arrivés à bout. Afin de célébrer l’évènement, nous avons décidé d’aller en ville voir les illuminations.
Alors que ma nièce, Tortue, du bas de ses 21 mois, s’émerveillait du spectacle coloré et lumineux, sans prévenir il a fait tout noir (Ta gueule !). Panique à bord ! Avec son fauteuil, mon père a roulé sur la patte du manchot, L’homme qui valait trois dinars a rattrapé Tortue avant qu’elle ne prenne la poudre d’escampette (et qu’elle n’en porte à la bouche). J’ai dégainé mon portable pour consulter Ecowatt (Cette lettre n’est aucunement sponsorisée par une personne qui gouverne, ment, voire les deux.), rouge écarlate, évidemment.
Cher Père Noël, je veux bien être sage toute l’année, relativiser (râler) sans arrêt et surtout de plus en plus, estimer que je suis chanceuse, m’écrier chaque matin : « Hello, le soleil brille, brille, brille ! ». Mais y’a un moment où à force de faire le dos rond, de courber l’échine, et d’encaisser les coups du sort, il n’y a pas que les chiens qui enragent. (Bon, un sans-dents ça fait drôlement moins mal quand ça mord.)
Cette année encore, sur la table il y aura du foie gras, de l’Abondance, et des litchis. Même si Tante Claire n’aura pas le droit d’y toucher car on préfère faire tourner les serviettes que de pratiquer la manœuvre d’Heimlich.
Cher Père Noël, je sais que cette lettre un peu engagée ne me fait pas gagner des points pour avoir un jour une Playstation au pied du sapin, mais je pense qu’il est important que je couche ces mots avant que la censure ne vienne blanchir les feuillets des auteurs.
Un gros câlin réconfortant.
Bonne tournée !
Mél.
Crédit photo : Tumisu sur Pixabay.